C’est drôle, quand j’y pense, tsé quand j’étais un enfant, j’savais pas ce que je voulais être. Ben dans ‘vie mettons. Au jour le jour je le savais là, j’voulais être mince-belle-drôle-à la mode-chanter bien-remarquable-mais pas trop remarquable (quand t’es petit tu catches vite qu’une touche de beige ça passe mieux même si c’est long longtemps). Mais j’me disais pas «J’vais avoir une maison avec une piscine creusée pas hors-terre ça fait naze les piscines hors-terre» j’étais ben contente d’en avoir une quand j’en avais une anyway, ou ben «Je vais avoir un mari» j’suis pas mal sûre que j’étais déjà trop agressante pour les garçons même à huit ans, ou ben «Mes enfants vont jouer au soccer» parce que j’pense que j’ai plus passé de temps à habiller mes Barbies qu’à faire semblait que mes poupées c’était des vrais bébés — j’sais même pas si j’en ai déjà eu des poupées. Mettons que j’avais déjà décidé que ma priorité ça serait le beau linge. Pis après ben j’ai eu de la suite dans les idées, j’ai voulu faire du beau linge, j’ai choké, j’ai chanté en mettant du beau linge, j’suis allée faire ma fraîche aux États avec du beau linge, mais tsé, ça se résume à ça, j’avais pas de plan de life. Ça m’a jamais tant dérangé faut dire, j’sentais que le monde s’attendait à ce que j’en aille, mais bof, moi, perso, je m’en crissais un peu, j’me pensais juste assez bonne pour pas avoir peur trop trop.
Mais là des fois j’ai comme des idées un peu. J’les essaie à The Sims des fois voir comment je m’en sors (parce que si ça fuck dans The Sims ben t’es dans ‘marde pour ta vraie vie hein). Ou j’essaie de m’imaginer un peu, juste pour le fun. Je le sais là qu’il peut arriver mille shits qui vont scrapper mon affaire mais juste pour voir.
J’pense que mettons ce que j’aimerais quand je vais être une adulte c’est avoir deux maisons une par-dessus l’autre. L’homme de la maison et son homme en auraient une, pis moi pis mon futur (encore inconnu OKÉ mais crisse laisse-moi le temps) on aurait l’autre. On aurait un sous-sol pour faire des chansons électroniques aussi. Pis une backyard, oh tabarnac une backyard de fou, une backyard de Pinterest là, avec des lanternes chinoises dans les arbres pis des lumières de Noël partout tout le temps parce que qu’est-ce que tu veux on aime ça Noël.
Dans ma maison y’aurait une grande table infinie avec des bancs de chaque côté pour faire rustique pis des photos de tout le monde comme si j’leur voyais pas assez la face sauf que tout le monde serait tout le temps là. Y’aurait un piano parce que j’pense que c’est comme prioritaire dans la vie d’avoir quelque chose sur quoi faire du bruit. Y’aurait sûrement pas de plantes parce que je peux pas gérer ça des choses vivantes fait que je monterais au deuxième voir les plantes de l’homme de la maison qui serait plus l’homme de ma maison si j’voulais voir du vert. Y’aurait pas mal de vin aussi, sûrement du meilleur vin que celui qu’on boit présentement.
Mon futur lui ben il serait plus vieux j’pense, une grande personne au coeur de bébélala. Il travaillerait beaucoup pis fort pis il serait full intelligent pis il courrait vite pis il parlerait en anglais pis il m’amènerait dans des places que je connais pas pis il me ferait rire pis il me donnerait tout le temps des becs. Il voudrait me marier parce que les promesses c’est important. Pis moi ben j’écrirais encore ma life sur les Internets pis dans des livres en papier aussi. Pis je ferais des chansons pis des performances éclaboussantes avec des arbres électriques avec l’homme comme d’hab. Pis mon downward dog rendu là il serait parfait. Sûrement aussi que j’aurais pas mal plus de tattoos comme sur les bras pis sur les cuisses pour être une adulte juste un peu trash mais pas trop.
J’aurais peut-être des babze, des babze de toutes les couleurs sûrement. On ferait des dancefloor obligatoires dans la cuisine tous les matins, moi j’veux pas être une soccer mom j’veux être une dancefloor mom, une mère de pas de télé pis de peinture aux doigts sur les murs. On aurait peut-être un chat mais faudrait pas que je m’en occupe trop tu te rappelles j’ai d’la misère avec les choses vivantes. On mangerait des sushis pis on boirait du kombucha. Pis on irait à New York souvent peut-être même qu’on habiterait là des fois, je veux que mes babze soit half Mile-Enders half New-Yorkers, de coeur au moins.
Pis les dimanches ben c’est faf, tout le monde à la grande table rustique, des babze partout, mes babze de couleur pis Jérôme pis Romane pis Hong pis Lulu qui va être grand rendu là mais qui va venir pareil pis tous les autres babze de tout le monde qui auront pas le choix parce que leurs mères c’est des osti d’intenses pis leurs pères les aiment de même, pis que la famille on a décidé que c’est nous autres rapaillés tous ensemble. Pis là on va bruncher comme si notre vie en dépendait. Les parents tipsy, les enfants qui crient, pis tout le monde qui se love.
Tsé, quelque chose de même.