Les jours de tristesse y a rien pour me protéger, sauf son dos. J’aurais pu dire ses bras mais non, ses bras quand ils me serrent c’est comme s’ils faisaient juste resserrer les pleurs en une masse compacte, de face ses yeux cherchent des réponses quand je connais même pas les questions. Son dos c’est pas pareil. Les matins et les soirs de tempête par en-dedans, je me réfugie dans la chaleur épaisse de son dos, il me protège à la petite cuillère et moi je savoure son silence à grandes louches, j’avale le régulier de ses expirations par osmose. Aussi c’est qu’il me voit pas le mouillé des pupilles ou les dents bien ancrées dans la babine d’en bas. Pas longtemps là, juste un peu, le temps que la peur passe. Quand je suis dans son dos c’est lui qui est devant et moi je suis sagement le cours de son calme. Ça a l’air de rien comme ça mais avec sa tête à tout faire et ses grands gestes d’homme-orchestre qui mettent les choses aux bonnes places, il trace de grandes dégagées, de grandes ouvertures, il souffle des souffles qui éloignent le compliqué et l’encombrant, ne serait-ce que pour quelques secondes. Dans son dos rien me traverse et personne m’atteint, il fait calme le temps qu’il faut.