L’ambition.
Quand j’étais JEUNE (lo0ol), j’avais tellement des grands rêves. Dans ma tête, v’là vraiment pas si longtemps, au moment où d’atteindre mon quarter life crisis, j’allais vivre à New York, travailler chez Vogue, me ramasser aux Grammy’s et écrire un best seller. POUR VRAI! Je pensais vraiment que c’est ça qui allait arriver. Je voulais tout, comme Mof-Mof. TELLEMENT tout.
Pis aujourd’hui, sérieux… j’veux pas tant d’affaires.
J’veux travailler chez nous avec mon chum même si on passe proche de se trucider à chaque fois qu’on échange plus que trois e-mails. J’veux un babze adopté de n’importe quelle couleur pis l’aimer tellement fort. J’veux faire des grosses batches de chili végé. J’veux New York, oui, mais un long weekend à la fois. J’veux chanter pour ceux qui veulent m’écouter. J’veux beaucoup de livres, mais pas tous les écrire. J’veux écrire pour plein de monde et de plein de façons, mais jamais sans garder ma p’tite bulle à moi.
J’veux juste VIVRE!
OK j’veux pas devenir mélodramatique pis te raconter ma dépression pis mon trouble d’anxiété pis ma médication pis ma maladie de poumons pis que la dernière année a donc ben été TOFF. Mais c’est vrai pareil estik. Pis c’est le genre d’affaires dont tu te rends compte avec une psy nice pis des pills qui font l’affaire pis une famille qui est là pis des friends qui comprennent pis un chum qui prend le temps.
Est-ce que j’ai l’impression de trahir la Ariane de 22 ans? TELLEMENT. Tellement. Je me reproche souvent de me jouer dans le dos, de me laisser tomber, de céder à la paresse, de me traîner dans la facilité.
Mais si je suis vraiment honnête, j’ai même plus tant le goût de tout ça! J’veux pu me promener pis chercher pis creuser pis niaiser pis me torturer pis courir à gauche et à droite pour être la PLUSSE MEILLEURE pis avoir le PLUSSE de projets au monde pis être la PLUSSE productive pis toujours PLUSSE productive! J’veux la crisse de paix! J’veux chiller! J’veux écrire! J’veux fredonner! J’veux déconner! J’veux être bien! Juste ça. Être bien. Pas être la CEO d’une compagnie. Pas avoir mon propre magazine distribué partout sur la planète. Pas écrire 98479879374 livres. Juste, être bien.
C’est dur à admettre, pour vrai. C’est vraiment difficile de se rendre compte qu’on a plus les mêmes ambitions qu’avant, ou en tout cas, pas au même niveau, pas de la même façon, et encore plus de ne pas se taper sur la tête et de ne pas écouter la petite voix pas smatte qui te murmure que peut-être tu laisses tomber parce que t’es pas assez bonne, parce que t’as échoué de toute façon, parce que t’es pas assez faite forte. Pis tu vois plein de monde autour qui a un milliard de projets qui roulent à 300 miles à l’heure, qui dorment juste 4 heures par nuit pis qui ont moins de rides de milieu de front que toi, qui ont 97 likes sur chaque photo qui se retrouve sur leurs Internets, qui font la piasse personne sait trop comment, pis tu te sens pendant trois secondes comme une grosse vidange lazy.Pourtant, j’en fais des affaires! J’prends des bains, j’lis des romans, j’regarde des films, j’prends des marches, j’fais des siestes, je barbouille des trucs. C’est pas que je fais rien! Mais c’est jamais assez; la p’tite voix bitch revient toujours pour te hurler «PLUS, PLUS, PLUS!» dans le fin fond du tympan. C’est tough, ralentir! L’orgueil s’en sacre que ça te prenne 30 milligrammes par jour d’une affaire pas prononçable pour à peu près fonctionner pis pas péter de coches, que t’aimes quand même ça avoir du temps devant toi, que c’est l’fun avoir une vie sociale; T’ÉTAIS SPÔZÉE EN FAIRE PLUS QUE ÇA GIRLFRIEND FAQUE AWEILLE DÉNIAISE LOSER!
Mais au fond, c’est quoi, le problème? C’est la fierté? C’est LA SOCIÉTÉ QUI NOUS TRANSFORME EN ROBOTS? C’est ce qu’on voit dans le fond des yeux des gens autour qui comprennent juste pas? Est-ce les autres en font vraiment plus que nous, ou est-ce qu’au fond tout le monde est écrasé par le poids de ce qu’ils sont supposés être?
Crime que j’pense faudrait j’en fasse plus pour essayer d’en faire moins.