Sometimes love is not enough and the road gets tough, I don’t know why.

«-You know, one day, you’re gonna like me waaay more than you think you will.
-Oh, but, I do like you. In fact, I can already say that I love you

C’était cinq jours après notre première rencontre. Nous ne nous étions quittés qu’au jour trois, chose que nous nous étions timidement avoué avoir regretté au jour quatre. C’était des papillons d’amour de cour d’école, une simple rencontre à la durée de vie éphémère. Après tout, après ces cinq jours je quittais New York pour rentrer à la maison. Et la distance, j’avais donné, more than my share. J’avais donc été déroutée par ce ‘I love you‘ sorti de nulle part, mais il m’amusait. Je pensais avoir le dessus. Je n’aurais jamais cru voir ce ‘I love you‘ se transformer, jamais ne n’aurait cru qu’il me l’aurait répété à tous les jours pendant six mois, jamais je n’aurais cru y répondre ‘I love you too‘, et le penser aussi profondément.

* * *

Je ne connaissais pas ça avant, ce qu’on a, lui et moi.

Je le lui ai décris en plein milieu d’une nuit où, comme deux adolescents, nous étirions autant que possible une millième conversation interminable rythmée de rires faciles, de longs silences et de confidences qui semblaient s’échapper plus facilement dans le noir de nos chambres respectives; confinés chacun de notre côté du continent, nous prenions plaisir à parler de l’amour que nous avons l’un pour l’autre et qui change et qui s’embellit chaque jour, comme si le dépeindre par des mots nous le rendait plus tangible. Je le lui ai décris, donc, comme un amour auto-suffisant: alors qu’il me semblait facile d’expliquer d’autres amours par des intérêts communs, l’attirance physique, le même humour, la proximité, cet amour-ci, il n’a besoin d’aucune justification. Il est juste là. It exists in itself. Même la partie de moi qui a un besoin maladif d’engagement, de commitment trouve les titres ridicules, comme s’ils n’arrivaient pas à rendre justice à ce qu’il y a vraiment entre nous. C’est juste, nous.

* * *

J’ai d’abord pensé à une petite erreur de parcours, puis à une semaine difficile, puis à une mauvaise passe, et voilà, des semaines plus tard, tout était différent. En apparence, rien n’avait vraiment changé, ni les appels de tous les jours, ni les fous rires. Mais, quelque chose d’insidieux s’est faufilé entre nous.

Le passé.

Le sien est noyé de deuils qui restent à faire, de colère, de culpabilité, de solitude. Je l’ai alors vu se laisser gondoler, lentement mais profondément, par une tristesse que je ne lui connaissais pas.

Et c’est là que la mienne est revenue.

Je la croyais partie pour de bon, mais non, elle m’attendait au détour.

Parce que les semaines passaient, les échanges devenaient tremblants, les vérités de la veille ne voulaient plus rien dire le matin d’après. Et que moi, je voulais du vrai, je voulais quelque chose qui ne m’échapperait pas. Je ne voulais pas reculer, je ne voulais pas attendre, je ne voulais pas me poser, je ne voulais pas penser. Je voulais me battre, je voulais être la plus forte, même si lentement je m’effritais, même si le sommeil s’agitait, même si les larmes ne se contenaient plus, même si la panique prenait mes côtes et serrait mon corps, même si je tremblais. On était deux, on était une équipe, un tout, on était quelque chose d’infini. Mais en même temps, ça m’était désormais nécessaire, il me fallait du vrai, pour le tenir dans mes mains et ne jamais le laisser partir. Je voulais des preuves, plus de preuves que celles que j’avais, plus de mots, plus de gestes, plus de tout. Il fallait me convaincre, il faut répéter, répéter, toujours, chaque jour, parce que moi je ne crois pas.

Je ne crois pas.

Je ne crois pas. Je ne fais pas confiance. Je ne m’ouvre pas.

Je ne crois pas.

Et plus je demandais des réponses, plus il doutait de ma confiance, plus il se noyait, plus la vérité s’embrouillait, plus j’avais peur. Et à ne pas croire l’un en l’autre, il ne restait que deux voies: se détruire ou s’éloigner. La première nous aurait donné le loisir malsain d’au moins être ensemble un peu plus; nous avons pris la deuxième.

* * *

Quarante-huit heures de silence. Un silence choisi, un silence que je sens tout de même empli de tout l’affection que nous avons l’un pour l’autre, un silence difficile, un silence déchirant, un silence nécessaire. Si un jour on se retrouve, je sais que ce sera comme avant, en mieux. Et si ce silence est définitif, il sera toujours doublé d’une gratitude infinie pour tous ces côtés de moi qui se sont révélés à sa simple présence dans ma vie, tout ce que j’ai vu, tout ce que j’ai compris, pour un jour m’ouvrir à quelqu’un, pour vrai, pour de bon.

soulmate

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