J’ai un grand bureau. Un fucking grand bureau. Avec des fenêtres du plancher au plafond, une vue de luxe — OK une vue laitte mais une vue pareil. Un dress code de grande personne genre pas de jeans sauf casual friday. Je dis des mots comme jurisprudence et conventions collectives et recrutement et dotation et probation. Je fais des affaires importantes. Je cours partout tout le temps comme quelqu’un de ben haut placé. Une vraie grande personne genre.
Pis esti que ça me fait chier.
Fait que j’ai faite fuck you fuck off.
Je m’auto-rétrograde pis je retourne me pogner le cul en bas de l’échelle, en m’activant intensément pour partir ailleurs, là où on respire par le nez (j’me cherche une job comme on dit là).
Un p’tit peu de moi s’est dit « BEN VOYONS TU VAS PAS FAIRE ÇA QUELLE BELLE OPPORTUNITÉ WOW PIS EN PLUS T’ES CAPABLE D’EN PRENDRE ARIANE T’ES CAPABLE C’EST QUOI CETTE AFFAIRE-LÀ T’AS PLUS D’AMBITION QUE ÇA ME SEMBLE AWEILLE POUSSE TOUJOURS PLUS POUSSE POUSSE POUSSE C’PAS GRAVE SI TU BRAILLES PIS SI T’ES JAMMÉE DES PIEDS À LA TÊTE LA PRESSION C’EST TA BEST COME ON ARIANE CONTINUUUUE ».
Pis le reste s’est dit « Pu capable ».
J’ai commencé à me rentre compte que je m’étais mis dans ‘marde avec cette job-là quand, après trois mois à me pousser à bout pour tout réussir à faire en même temps, à être complètement découragée et désorientée tellement que mon cerveau marchait tout simplement plus, à voir mes cheveux blanchir à la vitesse de la lumière et mes rides s’approfondir niveau canyon, ma boss m’a dit « Girl, ça a l’air de rouler ton affaire, mais je pense qu’il te manque encore une p’tite dose de stress pour pouvoir faire la job à 100%, tsé, faudrait que tu sois un peu plus stressée ».
…
Ouais, pour de vrai.
Fait que ouais, j’ai faite fuck you fuck off.
La fucking culture pro burn-out, j’en ai rien à crisser. La fucking idée que c’est cool d’être à boutte, d’avoir mal partout, de pleurer tout le temps enfermée dans son beau bureau à grandes fenêtres, de se mettre un beeper pour se rappeler de partir de la job, c’est le pire concept que l’univers ait jamais entretenu, l’affaire la plus poison qui ait jamais existé.
Moi j’veux boire du thé pis rire pis être avec du monde nice pis être zen là ouais comme on dit dans les blogues lifestyle j’veux être feng shui pis faire des downward dogs pis me mettre du linge déchiré pis m’en crisser pis faire des bricolages. Vivre, là.
Twenty fourteen, l’année zen: es-tu game?
Je connais ce feeling! Beau texte! :)
La culture du burnout. Tellement. On s’attend que tu sois à boutte et sur-employée, tu dois performer à 150% dans ta job de madame en chef avec un salaire proche de la fille qui ne fait que répondre au téléphone. On te donne une petite tape dans le dos avec une mini augmentation en te disant « Tu peux faire mieux l’année prochaine, prouves-nous que… Bla bla bla ». Toi tu as tout donné, ton temps, ton énergie, ta santé physique et mentale et qu’est-ce que cela done? Rien pentoute. Juste des pensées négatives, une vie plate et une santé chancelante.
A reblogué ceci sur La vie d'Émilieet a ajouté:
Parce qu’il y a du vrai, trop de vrai dans le beau texte d’Ariane