Ce sont nos conversations qui m’ont manqué, les premiers jours. Son humour si proche du mien. Ses baby, ses darling, ses kiddo. Ses histoires interminables. Sa musique préférée, qu’il s’était fait un devoir de répandre un peu partout dans mes journées. Sa façon, comme moi, de s’emballer, de partir sur des délires impossibles, de rendre mon too much, just enough.
Son départ subit de mon quotidien a creusé un vide dans mes journées, comme ça, tout d’un coup, me laissant avec un amour mort-né entre les mains, m’imposant le deuil d’une relation qui avait à peine ouvert les yeux, qui avait à peine quelques puffsd’air dans les poumons.
Ça m’a fait mal de tout le corps, c’est fou. C’était comme porter ma peine en guise de peau. Soudainement, le temps a changé de vitesse; j’avais passé les six derniers mois à attendre la prochaine escapade, la prochaine visite, ne voyant presque pas les arbres rougir, le sol givrer. Et d’un seul coup, je me suis vue catapultée dans un hiver qui n’en finissait plus de finir, ses longues nuits m’offrant tout le loisir de ne pas dormir sans lui. Qu’allais-je faire de tout cet espace que son absence libérait? Qu’en avais-je d’ailleurs fait, avant lui, avant nous?
Ce vide-là, je l’ai empli d’une nostalgie qui m’a suivie pendant des semaines. J’ai tout repassé en boucle dans ma tête, tout, me remémorant chaque détail, chaque instant. Je me suis lovée dans cette nostalgie comme dans les bras d’un amant, pour fuir ce sentiment de solitude qui me déchirait les tripes.
Un mois, deux mois, presque trois mois ce sont écoulés. La peine intense a fait place à une légère brume de tristesse qui, excepté mon breakdown d’il y a quelques jours, a appris à se faire discrète, me pinçant parfois le coeur le temps d’une chanson, d’un petit souvenir.
Mais il se trouve que ces jours-ci, il m’arrive quelque chose de terrifiant.
Je crois…
Je crois que je ne m’ennuie plus de lui.
Oh, bien sûr que j’ai un restant de vague à l’âme. Bien sûr que je pense à ce qu’on avait, de notre lien si spécial. Bien sûr qu’il me manque d’avoir quelqu’un dans ma vie. Mais est-ce que je m’ennuie toujours de LUI? Je n’en suis pas certaine. Et ça me fait peur. Qui eût cru qu’après le deuil de ma relation, je devrais faire le deuil de ma peine?
Un jour, tout ce qu’on a partagé, tout ce qui aura été pendant quelques mois le centre de mon univers ne sera qu’un souvenir, une belle histoire à raconter. Un jour, nous serons redevenus de simples connaissances l’un pour l’autre. C’est absurde, non, à quelle vitesse on peut passer d’extrêmement près à extrêmement loin? Comment on passe d’étrangers à soul mates, et vice versa?
Enfin. Je la sens s’effriter, cette peine-là, pour tranquillement laisser la place au prochain, à ze one. Parce que, comme quelqu’un de très sage me l’a dit après quelques verres de vino, «un jour, il va se pointer, le tabarnac, pis on l’aura même pas vu venir».
Mais pour l’instant, il me manque encore un peu.
Alors, je prends mon temps.
Et je me prépare à lui dire au revoir, pour de vrai.
We broach the subject in a shade-cloaked backyard after drinking three glasses of wine with a friend who has never met them, will never meet them. We begin slowly, carefully, flirting with ambiguity and speaking in fat generalizations: this guy I once dated and it was a long time ago. But there’s something so intoxicating about remembering what we fought to forget, isn’t there, so we speak in finites and details now, we won’t quit while we’re ahead. That has always been our problem. We get into the way he fixed pasta and his dried, storied hands; we get into the things he’s confessed to crying over, the death of beloved pets and the divorcing of parents. We speak of the films we watched in bed together and which of his friends we miss the most; we wonder what they’re doing now.
–How we talk about the people we don’t know anymore by Stephanie Georgopulos on Thought Catalog