L’affaire, c’est que ça a l’air facile, avec moi. Parce que les blagues vulgaires me hurler de rire, parce que ma timidité extrême se retrouve expressément ensevelie sous mon besoin maladif d’attention, parce que je m’en crisse qu’on trouve que j’ai l’air complètement insane, parce que je suis tellement naïve que je crois pas mal n’importe quoi. En cinq secondes, je vais être ta best, on aura déjà des inside jokes, tu pourras peut-être même me frencher si tu prends le guess.
Il faut dire que les filles qui ont des couilles jettent de la poudre aux yeux des garçons. C’est sûr que quand tu les vois aller, tu te dis qu’elles rock tellement le shit qu’elles n’ont jamais besoin de personne. C’est bien le contraire. Nous, les filles badass, nous sommes les êtres les plus mauviettes, les plus vulnérables, les plus perdues, les plus needy de la terre. On a beau être exceptionnellement outgoing, bruyantes, in your face dans toutes les sphères de notre vie, dans l’fond, c’est juste de l’orgueil, de la fierté, du fake it ‘til you make it: en attendant d’avoir du courage, fais comme si, pis fais-le en tabarnac. On attend juste que quelqu’un nous gère et fasse tout à notre place, parce que je sais pas si vous le savez, mais avoir des couilles, des fois, c’est fucking lourd dans les pants, pis ça n’a pas toujours sa place dans un string en dentelle.
Ça fait que ça a l’air facile avec moi. Ça a l’air facile si t’es à boutte de ta vie beige, que t’as pris des décisions de marde parce qu’il fallait plus que parce que tu le voulais pis que là t’en as plein tes bottes. Une fille qui rit aux jokes de vomi, qui parle plus fort que tout le monde, qui s’embarque dans n’importe quelle histoire if only for the story, ben dans les yeux de quelqu’un qui cherche une sortie de secours, c’est pendant un instant la réponse à bien des dilemmes, à bien des moments d’ennui, à des cargaisons de beige, à des piles de bermudas. Mais après réflexion, c’est épeurant, c’est agressant, c’est juste too much, parce que eille, quelqu’un qui dit tout ce qui lui passe par la tête, qui se sacre de tout ce que les autres pensent et qui ose aller au bout des aventures les plus folles même si elle chie dans ses culottes, il n’y a apparemment rien de plus terrifiant. Même pas l’ennui, même pas la platitude, même pas la monotonie, même pas l’amour mort.
Mais il serait faux de croire qu’elles n’en ont rien à faire, ces filles-là, qu’au fond elles s’en foutent des engagements et des promesses, qu’elles ne prennent rien au sérieux, qu’elles servent de divertissement avant the real shit, d’amuses-gueules avant le repas principal. Parce que les filles qui ont des couilles, elles rêvent comme les autres d’un amour qui dure toute la vie, d’un home plein de love et peut-être même de p’tits bébés. Même qu’elles en rêvent plus que les filles beiges. Parce qu’elles ont connu mille autres choses, mais qu’elles veulent quand même ça, avec tout le reste. C’est pour ça qu’il faut les choisir. Parce qu’elles sont un pâté chinois au sommet de l’Everest.
«-Everything in my apartment in now beige. Beige is bullshit.
-I thought you wanted beige.
-Yeah, well… It doesn’t quite fit.»
(Source: La vie palpitante de Ariane B)
Bonjour, il manque un mot dans votre première phrase, chère dame. La bise.