Let’s cross over.

Il y a un an, j’étais un déchet. Je calais des verres de vin cheap entre deux puffs de weed sur le balcon d’en arrière, secouée aux cinq minutes par des sanglots incontrôlables qui me boursouflaient le visage et m’enlevaient tout ce qu’il me restait de force et de dignité. Le gars qui me faisait rêver depuis presque six mois avait punché mon coeur dans ‘face, le laissant plus poqué qu’il ne l’avait jamais été. Ça y était, j’étais la plus conne, la plus naïve, la plus aveugle qui soit, pis en plus, j’étais grosse pis laide pis pas intelligente, pis c’était sûrement pour ça qu’il ne voulait plus rien savoir de moi. Et puis en plus, le gros chien sale, il m’avait volé New York sans s’excuser, s’y barricadant avec sa chix beige et me laissant pourrir dans ma marde, étant désormais condamnée à baigner dans nos souvenirs à chaque fois que j’y remettrais les pieds. Aussi bien m’arracher les tripes et les garrocher en bas du Brooklyn Bridge. J’étais fucking low batt.

Ouais.

Il y a un an, ça filait pas.

J’ai soigné ça en braillant dans mon tartare au saumon avec ma partner de breakup, en écrivant, bien sûr, en frenchant un gars qui s’appelait André, en me lamentant inlassablement sur mon triste sort et en retournant la situation dans tout les sens, en me soignant avec un genre d’idylle secrète oh combien confortable mais aussi bien trop malsaine, étant tout de même convaincue que c’était fini le love, que j’avais eu ma chance et qu’elle était passée, et que plus jamais je ne revivrais quelque chose d’aussi beau, d’aussi féérique, d’aussi magique.

J’ai pensé, comme on le pense toujours, que ça ne passerait pas.

Mais c’est passé.

 

«Peut-être que l’amour se traverse.»

 

* * *

 

Aujourd’hui, ça me semble loin, imperceptible. Il ne m’en reste que quelques infimes cicatrices, invisibles à l’oeil nu, sensibles parfois lorsqu’on les frôle, cicatrices portées en guise d’itinéraire vers le meilleur. Je regarde d’une fenêtre différente Février se déguiser en soir de Noël en recouvrant le Mile-End d’une neige récalcitrante, et je me dis que si l’hiver est tout aussi blanc, il me semble tout de même un peu moins froid.

 

Chaque matin, lorsque je regarde le «Attraversiamo» indélébile encré sur mes côtes, je me souviens que c’est bien vrai, que j’ai traversé, et que je traverserai encore.

Je crois qu’il faut parfois regarder derrière, non pas pour les regrets ou les «si seulement», mais juste pour un instant contempler le chemin parcouru et les batailles gagnées, se rappeler d’où on vient, puis continuer, devant.

 


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